Luca Wyss films / performances

selected workstravaux sélectionnés (2008—2017) EN / FR

untitled(situations)sans titre (situations), 2012

lecturelecture, 25min

<br> A white room. Only elements, black chairs scattered in space, all facing the center of the room. Three actors read conversations. These conversations are recorded discussions starting with a single question: “How do you see the future?”. <br> with <br> Reginald Hugenin <br> Gloria Sovran <br> Frederico Zartore <br> Une pièce blanche. Seuls éléments, des chaises noires disséminés dans l’espace, toutes tournées vers le centre de la pière. Trois acteurs lisent des conversations. Ces conversations sont des entretiens démarrant par un question unique : «Comment est-ce que tu vois le futur?». <br> avec <br> Reginald Hugenin <br> Gloria Sovran <br> Frederico Zartore
Audience's testimonies (untranslated)
Testimony #1 (Lauren)
« The walls in the room were much taller than they were wide. One of the walls was mostly window. We entered in silence, but at one point a girl ushered me to the far corner, where no one else was sitting. From my seat I could see most of the other people in the audience as well as Luca and the jury from the art college. I was facing the wall of window.
Three actors played out the performance. They were around three metres from one another seated in a circle facing inward. There was a woman (I could see her in profile, she was sitting between me and the window), a young man with an accent (seated opposite me) and an early middle-aged man (I could only see his back).
The performance itself consisted of a series of fairly long spoken texts, most of them in French. I listened, as much as I could, but at some point I lost the gist of the dialogue. I looked at the room and the other people. There were a few who looked familiar and one very beautiful girl with long legs who I was sure I had seen in a photograph before. The actors read their lines from typed pages. I was so close to the woman actor that I could read her next line over her shoulder.
Objectively, the three actors looked like they were rehearsing a scene for theatre or TV, but the lack of gesture and the presence of the audience listening closely and concentrating made it feel more like a courtroom. The atmosphere was quite tense; the type of place where everything your body does is magnified. At some point I noticed some people outside on the stairs a few storeys up watching through the window and talking. I felt a little like I was inside a television set. »
Testimony #2 (Margot)
« La pièce dans laquelle on entre est large, haute, plutôt carré, lumineuse. Les murs sont blancs, les chaises sont noires, elles occupent presque toute la surface du sol, disposées en cercle, vers un centre commun. Nous nous dispersons parmi les chaises, plus ou moins éloignés du « centre ». La sensation que nous sommes tous à la même distance est donnée par la disposition de l’ensemble. Je me penses un peu dans un cénacle, mais ouvert, extensible. De là où je suis assise, je peux voir tout le monde, sans même que l’on me tourne le dos, où que l’on me cache des éléments. Nous sommes réunis là, comme si nous attendions une rencontre, à laquelle nous pourrions prendre part. Le silence s’installe simplement entre nous.
Il y a maintenant trois personnes qui sont assises sur les chaises du milieu, celle qui ferment le mouvement concentrique. Deux hommes et une femme, feuilles de papier en main, la femme commence la lecture. Lisant son texte, d’une voix sûre et tendre, elle s’adresse à son interlocuteur, un homme grand, plus jeune qu’elle. Il porte des tongues et ses cheveux ont un air aérien. La femme parle au masculin, « Luca » dit-elle. Le nom de celui pour qui elle parle est lancée, la discussion commence. « Etem » dit le jeune homme. Luca pose des questions, il mène le dialogue, la discussion s’enclenche. « Qu’est ce que c’est l’avenir pour toi? » Les voix de l’homme et de la femme se répondent, les idées se partagent, se développent. Leur voix sont mesurées, au fil de la lecture, ceux qui sont assis sur les chaises confirment leur rôle d’acteur. Etem parle de son expérience, de ses déplacements, de la Turquie où il a dû retourner, de ses rencontres. Je suis les paroles comme à l’écoute de l’eau d’un fleuve, les choses passent, maintenant, ici, après j’aurais sûrement oublié, mais il y a ce moment avec les autres, tous assis ensemble et dans un présent commun. Acte de présence. L’homme aux tongues dit « Luca », il se tourne légèrement pour porter sa voix vers le troisième acteur, un homme à la peau matte, les cheveux blancs, de belles rides marquées. Les jambes croisées, il lit : « Sokol », une troisième voix entre dans le texte. « Luca » qui a pris la voix du jeune homme avec un accent, pose de nouveau la question de l’avenir. Les paroles de Sokol sont lues, comme quelque chose qui était déjà de l’ordre de l’écrit. Dans cette nouvelle discussion, les réponses se placent ailleurs, on y parle de Blanchot, de Deleuze, de l’illégalité, d’idées qui accompagnent une vie, des choix, une place que l’on se crée dans le commun. On y parle de lecture, et l’avenir est une notion qui navigue entre le passé des textes et le présent de la parole. De nouveau les rôles s’échangent. La femme lit ce qui semble être un monologue, la propre réponse de celui qui pose les questions, Luca parle dans la voix de cette femme. Au fur et à mesure de la lecture, les acteurs s’approprient la voix des différents protagonistes, le timbre des voix, les accents circulent, les paroles écrites se mettent de nouveau en mouvement. J’ai parfois la sensation que les voix pourraient venir jusqu’à nous, spectateurs, qu’une nouvelle parole pourrait se faire entendre, et entrer dans ce mouvement des voix. Je sais que dans la pièce il y a sûrement celui qui a répondu à la question, qui maintenant s’écoute, ou écoute un autre, et il y a surement celui qui a enclenché la discussion, qui s’écoute aussi et devient spectateur de ce qu’il a mis en place. Mais finalement, ici, maintenant, qui a enclenché vraiment la discussion? Y a-t-il une appartenance des ces paroles et de ces voix?
D’où viennent-elles et vers où vont-elles? Sûrement la réponse est une forme de proposition, et non pas l’inverse. Chacun s’est prêté, à pris la parole dans un recoin particulier de ce lieu commun. Une fois le texte lu, les paroles ont comme ouvert quelque chose, porté à une nouvelle discussion, ne nous excluant pas de ce mouvement de la pensée, du partage auquel nous venons de participer, et non pas seulement d’assister. Le texte écrit s’est ouvert à autre chose, s’est transformé de nouveau dans les voix empruntées, après celles enregistrées et se propage vers d’autres voix possibles. »
Testimony #3 (Raphaël)
« Luca, Etem, Sokol, ces prénoms reviennent, rebondissent entre les trois acteurs qui se lisent un texte. Le dialogue est écrit, il est dans leurs mains, chaque protagoniste participe à la création d’un espace d’identités libres. Les acteurs sont au centre, la pensée est partout dans la pièce. On les écoute, on les regarde parce qu’ils sont beaux, qu’ils incarnent le texte pour nous renvoyer à nous, nous tous. J’ai regardé tout le monde dans la pièce où nous étions, tous assis en cercle autour d’eux. Nous étions entourés, suffisamment libre entre tension et sécurité pour se questionner avec ces personnages. Un voyage théorique hors frontières. »
Documentation par témoignages de spectateurs (non traduits)
Témoignage #1 (Margot)
« La pièce dans laquelle on entre est large, haute, plutôt carré, lumineuse. Les murs sont blancs, les chaises sont noires, elles occupent presque toute la surface du sol, disposées en cercle, vers un centre commun. Nous nous dispersons parmi les chaises, plus ou moins éloignés du « centre ». La sensation que nous sommes tous à la même distance est donnée par la disposition de l’ensemble. Je me penses un peu dans un cénacle, mais ouvert, extensible. De là où je suis assise, je peux voir tout le monde, sans même que l’on me tourne le dos, où que l’on me cache des éléments. Nous sommes réunis là, comme si nous attendions une rencontre, à laquelle nous pourrions prendre part. Le silence s’installe simplement entre nous.
Il y a maintenant trois personnes qui sont assises sur les chaises du milieu, celle qui ferment le mouvement concentrique. Deux hommes et une femme, feuilles de papier en main, la femme commence la lecture. Lisant son texte, d’une voix sûre et tendre, elle s’adresse à son interlocuteur, un homme grand, plus jeune qu’elle. Il porte des tongues et ses cheveux ont un air aérien. La femme parle au masculin, « Luca » dit-elle. Le nom de celui pour qui elle parle est lancée, la discussion commence. « Etem » dit le jeune homme. Luca pose des questions, il mène le dialogue, la discussion s’enclenche. « Qu’est ce que c’est l’avenir pour toi? » Les voix de l’homme et de la femme se répondent, les idées se partagent, se développent. Leur voix sont mesurées, au fil de la lecture, ceux qui sont assis sur les chaises confirment leur rôle d’acteur. Etem parle de son expérience, de ses déplacements, de la Turquie où il a dû retourner, de ses rencontres. Je suis les paroles comme à l’écoute de l’eau d’un fleuve, les choses passent, maintenant, ici, après j’aurais sûrement oublié, mais il y a ce moment avec les autres, tous assis ensemble et dans un présent commun. Acte de présence. L’homme aux tongues dit « Luca », il se tourne légèrement pour porter sa voix vers le troisième acteur, un homme à la peau matte, les cheveux blancs, de belles rides marquées. Les jambes croisées, il lit : « Sokol », une troisième voix entre dans le texte. « Luca » qui a pris la voix du jeune homme avec un accent, pose de nouveau la question de l’avenir. Les paroles de Sokol sont lues, comme quelque chose qui était déjà de l’ordre de l’écrit. Dans cette nouvelle discussion, les réponses se placent ailleurs, on y parle de Blanchot, de Deleuze, de l’illégalité, d’idées qui accompagnent une vie, des choix, une place que l’on se crée dans le commun. On y parle de lecture, et l’avenir est une notion qui navigue entre le passé des textes et le présent de la parole. De nouveau les rôles s’échangent. La femme lit ce qui semble être un monologue, la propre réponse de celui qui pose les questions, Luca parle dans la voix de cette femme. Au fur et à mesure de la lecture, les acteurs s’approprient la voix des différents protagonistes, le timbre des voix, les accents circulent, les paroles écrites se mettent de nouveau en mouvement. J’ai parfois la sensation que les voix pourraient venir jusqu’à nous, spectateurs, qu’une nouvelle parole pourrait se faire entendre, et entrer dans ce mouvement des voix. Je sais que dans la pièce il y a sûrement celui qui a répondu à la question, qui maintenant s’écoute, ou écoute un autre, et il y a surement celui qui a enclenché la discussion, qui s’écoute aussi et devient spectateur de ce qu’il a mis en place. Mais finalement, ici, maintenant, qui a enclenché vraiment la discussion? Y a-t-il une appartenance des ces paroles et de ces voix?
D’où viennent-elles et vers où vont-elles? Sûrement la réponse est une forme de proposition, et non pas l’inverse. Chacun s’est prêté, à pris la parole dans un recoin particulier de ce lieu commun. Une fois le texte lu, les paroles ont comme ouvert quelque chose, porté à une nouvelle discussion, ne nous excluant pas de ce mouvement de la pensée, du partage auquel nous venons de participer, et non pas seulement d’assister. Le texte écrit s’est ouvert à autre chose, s’est transformé de nouveau dans les voix empruntées, après celles enregistrées et se propage vers d’autres voix possibles. »
Témoignage #2 (Raphaël)
« Luca, Etem, Sokol, ces prénoms reviennent, rebondissent entre les trois acteurs qui se lisent un texte. Le dialogue est écrit, il est dans leurs mains, chaque protagoniste participe à la création d’un espace d’identités libres. Les acteurs sont au centre, la pensée est partout dans la pièce. On les écoute, on les regarde parce qu’ils sont beaux, qu’ils incarnent le texte pour nous renvoyer à nous, nous tous. J’ai regardé tout le monde dans la pièce où nous étions, tous assis en cercle autour d’eux. Nous étions entourés, suffisamment libre entre tension et sécurité pour se questionner avec ces personnages. Un voyage théorique hors frontières. »
Témoignage #3 (Lauren)
« The walls in the room were much taller than they were wide. One of the walls was mostly window. We entered in silence, but at one point a girl ushered me to the far corner, where no one else was sitting. From my seat I could see most of the other people in the audience as well as Luca and the jury from the art college. I was facing the wall of window.
Three actors played out the performance. They were around three metres from one another seated in a circle facing inward. There was a woman (I could see her in profile, she was sitting between me and the window), a young man with an accent (seated opposite me) and an early middle-aged man (I could only see his back).
The performance itself consisted of a series of fairly long spoken texts, most of them in French. I listened, as much as I could, but at some point I lost the gist of the dialogue. I looked at the room and the other people. There were a few who looked familiar and one very beautiful girl with long legs who I was sure I had seen in a photograph before. The actors read their lines from typed pages. I was so close to the woman actor that I could read her next line over her shoulder.
Objectively, the three actors looked like they were rehearsing a scene for theatre or TV, but the lack of gesture and the presence of the audience listening closely and concentrating made it feel more like a courtroom. The atmosphere was quite tense; the type of place where everything your body does is magnified. At some point I noticed some people outside on the stairs a few storeys up watching through the window and talking. I felt a little like I was inside a television set. »
untitled(situations)sans titre (situations), 2012

lecturelecture, 25min


A white room. Only elements, black chairs scattered in space, all facing the center of the room. Three actors read conversations. These conversations are recorded discussions starting with a single question: “How do you see the future?”.
with
Reginald Hugenin
Gloria Sovran
Frederico Zartore

Une pièce blanche. Seuls éléments, des chaises noires disséminés dans l’espace, toutes tournées vers le centre de la pière. Trois acteurs lisent des conversations. Ces conversations sont des entretiens démarrant par un question unique : «Comment est-ce que tu vois le futur?».
avec
Reginald Hugenin
Gloria Sovran
Frederico Zartore